Classique de la science fiction, La Patrouille du Temps, de Poul Anderson, s'attaque au très délicat sujet des voyages dans le temps. Dans un million d'années, les Danelliens, avenir ô combien développé des humains, ont totalement maîtrisé le voyage dans le temps. Leur problème, c'est qu'ils ne sont pas les seuls dans ce cas. Ils craignent une chose par dessus tout : que des perturbateurs les effacent purement et simplement en changeant le cours de l'histoire, volontairement ou non, lors d'une incursion dans le passé.
Les Danelliens ont donc créé la patrouille du temps. Des bureaux sont répartis à travers les âges de l'humanité. Ils recrutent dans chaque période des patrouilleurs dont l'objectif est de s'assurer que "tout se passe bien comme prévu". Le cours du temps est résistant. La mort d'un animal, un épisode inattendu dans la vie d'un ou plusieurs hommes, le décès prématuré de l'un ou l'autre, n'aura généralement pas de conséquence. La trame générale y résiste et corrige le tir toute seule. Toutefois, certains points sont plus sensibles et demandent à être plus particulièrement protégés.
Lecture intelligente, originale et agréable, je ne peux que recommander ce court livre au rythme nerveux et efficace, bien traduit (on est chez J'ai Lu, il y a des traducteurs et des relecteurs chevronnés, mes amitiés à ce sujet aux éditions Bragelonne et Milady, à l'antipode).
Extrait : Le recrutement du narrateur, qui n'a fait pour le moment que répondre à une annonce dans le journal :
"Hum... ça ne vous ferait rien de saisir ces poignées sur les bras de votre fauteuil ? Merci. A présent, quelles sont vos réactions devant un danger d'ordre physique ?
Everard se hérissa. "Ecoutez..."
M. Gordon jeta un bref coup d'œil sur un instrument posé sur son bureau, un simple boîtier avec une aiguille et deux cadrans. "Peu importe. Quelle est votre opinion de l'internationalisme ?"
- Dites donc...
- Du communisme ? Du fascisme ? Des femmes ? Quelles sont vos ambitions personnelles ? ... Ce sera tout, vous n'êtes pas obligé de répondre. "
Richesse des idées et des tableaux, rythme et concision viennent ainsi heureusement compenser une absence de style, une psychologie des personnages très limitée, des conclusions brouillonnes, et des nouvelles de niveau inégal. Anderson a clairement du mal à développer ses idées. Loin d'être un monument de la SF classique aux côtés des Asimov et Heinlein, en dépit des efforts de ses fans outre-Atlantique, l'auteur donne toutefois l'occasion de lire de la série B de très bonne facture.
14/20
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