La Conjuration des Imbéciles, de John Kennedy Tool, est un roman que sa genèse seule rendrait déjà extraordinaire. Premier roman de l'auteur, ce dernier se suicida en 1969, suite à la déprime qu'avait engendré le refus des éditeurs de le publier. Les efforts incessants de sa mère finirent par aboutir à la publication, qui fut suivie d'un prix Pulitzer en 1981. Une histoire aussi noire et ironique que le ton de l'ouvrage.
Nouvelles Orléans, début des années 60. Le "héros", Ignatius J Reilly, la trentaine, vit chez sa mère. Obèse, il se complait dans la plus totale inactivité, ne sortant que pour aller au cinéma (et y décrier les infects films que l'on ose y projeter). Misanthrope, il passe sinon le plus clair de son temps à noircir des cahiers dans sa chambre. Il y étale son rejet du monde moderne, totalement décadent, s'appuyant sur les écrits des Anciens (Platon, Boèce tout particulièrement) et de théologiens moyen-âgeux.
Obligé de chercher du travail pour des raisons bassement matérielles, il va être confronté à ses contemporains, occasion pour l'auteur de dresser une description colorée de la Nouvelle Orléans : usines délabrées, pauvreté des Noirs, quartiers à touristes et jeunesse dorée. La verve de Tool rend l'ensemble du tableau comique, effet particulièrement renforcé par le fossé séparant la vision du monde de Reilly de celui de ses contemporains. Egocentrique, bouffi d'orgueil, menteur et malhonnête, Reilly se rend totalement détestable, malgré sa fine intelligence.
A lire, rien que pour la finesse du portrait du Sud des Etats-Unis dans les années 60.
16/20
PS : Merci à Hilaire pour m'avoir fait découvrir ce grand roman
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