Ce sont de biens méchants garçons que ce neveu et ses deux amis. Une fois par mois, ils viennent extorquer la pension de cette vieille tante, veuve de colonel, qui vit seule avec son chat dans un modeste chalet en forêt. Ils abusent de son sauna, dégradent son jardin et sa maison. La menacent et la maltraitent.
La Douce Empoisonneuse, d'Arto Paasilinna, décrit une Finlande où, comme dans bien d'autres contrées, la police est toujours là sauf quand on a besoin d'elle. Un pays toujours hanté par ses choix politiques durant la Seconde Guerre Mondiale. Un pays où une vielle femme souhaitant survivre ne peut s'en remettre qu'à elle-même. Et qui par la force des choses va devenir, un peu malgré elle, une empoisonneuse.
Extrait p 89 (Editions Folio) :
Impatiente d'expérimenter le résultat de son travail, la colonelle se mit en quête d'un cobaye. Elle n'osait pas en avaler elle-même une seule goutte, le risque semblait inutilement grand. A ce stade de la fabrication du poison, elle ne tenait pas à l'essayer sur un être humain. Elle eut une idée : elle injecta dans du pain de mie, avec une aiguille, une solution à dix pour cent de son produit ; puis elle enveloppa le pain dans du plastique, le glissa dans son sac à main et partit nourrir les pigeons du parc Sibelius.
Linnea Ravaska avait toujours été opposée aux vaines et douloureuses expériences animales. Quand les colombes du parc, confiantes, vinrent voleter autour d'elle, sa conscience protesta. Elle la fit taire en se persuadant qu'il ne s'agissait pas d'un acte de torture et que, de toute façon, l'essai était indispensable pour le développement de son poison. Elle émietta le pain et le jeta dans l'allée où une demi-douzaine de pigeons affamés attendaient l'aumône.
Un récit narré avec une réelle légèreté et un humour tout finlandais. Cet Arsenic et Vieilles Dentelles finnois se lit avec une facilité rare.
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