A la FNAC Saint Lazard, j'ai sympathisé avec plusieurs vendeurs aussi éclectiques dans leurs goûts que sympathiques.
L'un d'eux, particulièrement gentil, est hélas devenu ma Némésis littéraire. L'Ombre du Vent, de Carlos Ruis Zafon, avait été pénible. Fictions, de Borges, me fit remettre en doute mon intérêt pour la lecture. Spin, de Robert Charles Wilson, m'a quasi-amené à désavouer la science-fiction comme genre littéraire. Mais la semaine dernière, il a failli m'achever, me persuadant de me plonger dans La Danseuse d'Izu, de Yasunari Kawabata, prix Nobel de littérature 1968.
La Danseuse d'Izu, un étudiant qui voyage en compagnie d'une troupe de théâtrale l'a bien remarquée. Ils échangeront quelques mots, ainsi qu'avec les autres forains. Et après une étape dans une petite ville, où l'on chante et joue au go, l'étudiant repartira en bateau, un peu triste.
Il y a aussi cet homme qui aime les animaux de compagnie, mais est assez maladroit avec ses oiseaux et n'arrive pas à les conserver en vie.
Ou cette femme qui a perdu son mari, décédé de la tuberculose et se remarie (La Lune dans l'Eau, cf. l'extrait).
Une autre parle à un arbre, se persuadant que son ami s'y est reincarné. Si la chose est avérée, je plains la pauvre plante incapable de s'enfuir.
Il ne se passe rien. Rien. J'ai bien cherché. De temps à autres, j'avais envie d'hurler : "pourquoi ???" J'avoue ma totale insensibilité par rapport à tous ces beaux textes. Une telle inanité me fut quasiment douloureuse. Il y a des fossés culturels qu'on ne peut sauter.
Extrait (La Lune dans l'Eau, page 122) :
"Un matin de mai, la jeune femme entendit à la radio des chants d'oiseaux des bois, enregistrés dans une montagne proche de son lieu de séjour, avant la mort du malade. Quand elle eut accompagné son second mari jusqu'à la porte, elle sortit son nécessaire pour y refléter le ciel clair, selon son habitude d'autrefois. C'est alors qu'elle fit une découverte surprenante : on ne connaît que le reflet de son visage ; ces traits qui vous sont personnels, uniques, vous demeurent invisibles. On se touche la figure chaque jour, comme si les traits que renvoie le miroir étaient ceux de votre vrai visage...
Quelle signification donner au fait que le Créateur ait façonné les hommes tels qu'ils ne puissent contempler leur propre visage ? Kyoko resta songeuse un long moment."
Je ne note pas. Je n'en ai plus la force.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire