vendredi 22 août 2014

Hibernatus

Comme on peut se tromper, parfois. En choisissant le Rabbin Congelé, de Steve Stern, j'avais envie de m'amuser. Hi hi, un grand sage, congelé accidentellement en 1899 dans un lac proche d'un petit shtetl et qui se réveille dans l'Amérique contemporaine, ça ne peut être que drôle. Choc des cultures, apport de la sagesse ancienne à une société si matérialiste, ça ne peut être que drôle.

Mais non. Le roman suit alternativement le parcours du bloc de glace, durant un siècle, de la Vieille Europe au Nouveau Monde, et l'apprentissage du jeune adolescent, Bernie, qui sera à l'origine de la décongélation accidentelle du rabbin. Le récit invite à suivre une fresque familiale, ses romances et ses tragédies, à travers le XXe siècle. Parallèlement, il dénonce le matérialisme abrutissant, le consumérisme tout puissant dans lequel le vieux rabbin se jette à corps perdu. "Vous voulez de la sagesse et du bonheur, je vais vous en vendre". De ce point de vue, l'auteur dénonce violemment les dérives mercantiles du fait religieux.

Bernie, lui, va découvrir ses origines, le parcours de ses ancêtres, que son père ne lui avait jamais transmis. Et en se souvenant, il va se découvrir à lui-même.


Il y avait un grand rabbin, qui, lorsque son peuple était menacé, partait dans la forêt, dans une clairière donnée. Il y allumait un feu et faisait une prière particulière. Et un miracle se produisait.
Son fils à son tour fit de même, mais il ne savait plus allumer le feu sacré. Mais le miracle encore se produisait.
Son propre fils se rendait également dans la clairière. Mais lui ne connaissait même plus la prière. Pourtant, il demandait un miracle, et celui-ci se produisait.
La génération suivante ne savait même plus où se trouvait la clairière. Mais ils se racontaient entre eux cette histoire, et le miracle se produisait.




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