mercredi 1 juin 2011

Ressources humaines

Cadres Noirs, de Pierre Lemaître, narre la descente aux enfers d'un cadre qui sort du circuit, et de petits boulots en humiliation, finit par toucher le fond. Il va être le premier surpris par ce qu'il va y trouver : un homme violent et surprenamment plein de ressources. Tant pis pour la multinationale qui a voulu se moquer de lui.


Raconté à la première personne, le roman se décompose en trois parties. La première fut à mon goût longue et pénible. Heureusement, le changement de narrateur à la deuxième partie est un véritable bol d'air pour l'intrigue qui prend alors toute son ampleur. Une trame originale et riche en rebondissements rend ce roman difficilement posable avant de l'avoir terminé. Une bonne histoire, originale et bien menée.
Deux remarques toutefois. La première concerne un ressort important de l'intrigue : Non, l'informatique, ce n'est pas magique, il faut arrêter de faire gober au lecteur n'importe quoi, même si c'est pour le bien du scénario. La seconde se rapporte au style, très efficace, mais... disons très efficace.

Extrait p 114 (Edition Livre de Poche) :
"Je prends mon élan, je rassemble toutes mes forces encore disponibles et je lui balance mon poing dans la gueule. Il ne s'y attend pas du tout. C'est un cataclysme immédiat. Mon poing fermé lui arrive entre la pommette et la joue, son corps est propulsé en arrière, ses mains, dans un ultime réflexe, tentent désespérément de s'accrocher à la table. Il fait deux mètres en arrière, heurte une autre table, puis deux chaises, son bras, qui cherche un appui, balaye tout sur son passage, sa tête vient heurter la colonne de soutènement, sa gorge expulse un cri rauque, vaguement animal, tous les clients se sont retournés, bruit de verre brisé, de chaise cassée, de table renversée, silence de stupeur. L'espace devant moi est bien dégagé. Je me tiens le poing au creux du ventre tellement il me fait mal. Mais je me lève et je sors dans la stupéfaction générale."

Voilà, voilà. Personnellement, ce qui me fait mal, c'est de lire ça, même si je partage la souffrance du narrateur.

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