mercredi 1 juin 2011

Le crime était presque parfait

Henry Wilt est assistant professeur de culture générale dans un lycée technique londonien. Ses élèves ne sont pas persuadés de son utilité. Sa femme non plus, persuadée qu'elle aurait mérité un bien plus glorieux destin. Il faut dire que cela fait dix ans que Wilt, effacé et peu revendicatif, stagne au bas de l'échelle universitaire. Son passe-temps : aller promener le chien, jusqu'au pub, et en chemin imaginer quelque méthode inventive de liquider sa moitié.

Wilt 1, de Tom Sharpe, écrit dans les années 70, a un peu vieilli sur certains de ses thèmes, tels que les thèses MLF. Le roman reste toutefois drôle et délicieusement grinçant dans son ensemble, et particulièrement le face à face entre Wilt et la police. Ses classes d'apprentis ont fait du petit professeur un vrai dur.


Extrait p 29 (Editions 10/18, Domaine Etranger) :
"Si les rats étaient le paradygme du Dr Pringsheim, Presse 3 était celui de Henry Wilt. Dans un genre différent, bien sûr. Ses élèves représentaient tout ce qu'il y avait de plus difficile, insensible et bouché parmi les classes d'apprentis, et pour tout arranger, les brutes se croyaient instruites sous prétexte qu'elles savaient lire et pouvaient dire que Voltaire était un sacré imbécile d'avoir mis Candide dans un pastis pareil. Venant après les infirmières d'Infirmerie, et pendant son interclasse normal, les membres de Presse 3 avaient sur lui le plus déplorable effet. Ils avaient déjà produit le même déplorable effet sur Cecil Williams, leur professeur en titre.
- Ca fait deux semaines qu'il est malade, dirent les imprimeurs.
- Je ne suis guère surpris, dit Wilt. Vous êtes capables d'expédier à l'hôpital les mieux portants d'entre nous.
- Y a un mec, il est venu et il s'est gazé après. Pinkerton, il s'appelait. Il a fait un semestre avec nous sur un bouquin. Jude l'Obscur. Oh la crise !... Ca causait que de ce minable, Jude.
- Très juste, dit Wilt.
- Le semestre dernier, il est pas revenu, le vieux Pinky. L'est descendu à la rivière, l'a bouché le tuyau d'échappement, et l'est mort asphyxié, quoi.
- Je ne peux pas vraiment lui en vouloir, dit Wilt."

Une bien plaisante, et même fréquemment hilarante, lecture.

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