mercredi 11 mai 2011

Ta da ta doum, ta da ta doum

C'est ma faute. Je plaide coupable. Je m'en réjouissais depuis trop longtemps, je me le gardais en réserve, telle une belle bouteille pour laquelle on attend une occasion. Et donc je ne peux m'empêcher d'être un peu déçu par La Maldonne des Sleepings, de Tonino Benacquista.
Honnête polar dont le héros est un couchettiste de la SNCF, habitué des trains de nuit entre la France et l'Italie. Désabusé trop tôt par son métier, il a développé une fâcheuse tendance à envoyer promener tout le monde. Sa maîtresse italienne l'amuse modérément, et il n'a plus la force pour sa régulière parisienne. Le débarquement dans son train-train d'un fugitif maladivement somnolent poursuivi par une bande de méchants kidnappeurs va lui procurer un choc salutaire, réveillant sa fibre altruiste.

Extrait p16 (Edition Folio Policier) :
"Il suffit de prononcer le mot magique de "Wagons-lits" et ça démarre tout seul, on a lu un Agatha Christie, toujours le même, on a vu un ou deux films de la Belle Epoque, on évoque le vague souvenir d'un oncle "qui a bien connu...". Mais là je suis obligé de calmer les enchantements divers, quitte à décevoir. Je ne suis qu'un simple couchettiste, j'entends velours rouge et je réponds moleskine, on me parle de piano-bar et je dis Grill-Express, on cite Budapest et je remplace par Laroche-Migennes, à super-luxe je tarife 72 francs la couchette. Les "Single" et les "T2" (deux voyageurs maximum, très prisé pour les lunes de miel) ne concernent que les premières classes. Moi je m'occupe des pauvres, les familles de six avec des gosses qui chialent la nuit, les immigrés qui font un tour au pays, les jeunes billet-Bige et sac à dos. Et je n'échangerais ça pour rien au monde."


Sympathique polar, dont l'intrigue ne décollera jamais vraiment à la hauteur espérée, il n'en demeure pas moins un fort agréable moment lecture, entretenu par le talent de conteur de Benacquista.

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