lundi 18 mai 2009

Gentille histoire et petits dessins


Il est difficile d'apprécier un style littéraire "classique" après avoir lu Damasio, magicien du verbe. Tomber directement dans Abarat tome 2, Jours de Lumière et Nuits de guerre, de Clive Barker, donne à peu près le même sentiment que de manger un sunday au chocolat après une poularde truffée. On n'a pas seulement changé de catégorie, on ne joue plus du tout dans le même monde.

Pauvreté du style. Idées fortement récupérées du tome 1, qui n'était déjà pas un monument. Littérature jeunesse qui se cherche, avec un auteur qui aimerait bien gagner autant d'argent que JK Rowling. D'où plusieurs tomes. Le 3 serait sorti et le 4 serait en gestation. Vous noterez le conditionnel soulignant mon peu d'appétence pour le sujet.
Finissons-en rapidement : Candy Quackenbush, toujours dans l'Abarat ce monde parallèle composé d'îles, s'oppose vigoureusement au Seigneur des Ténèbres. Ne porte-t-elle pas en effet en elle la Lumière, apportée à sa naissance par les soeurs du Fantomaya ? Accompagnée de ses fidèles amis, qu'elle connaît à peine mais à qui elle tient tant, elle part en guerre. La psychologie des personnages secondaires n'étant pas creusée le moins du monde, et même celle de l'héroïne ne répondant qu'aux plus plats stéréotypes de l'adolescente du Middle West, le suivi des aventures des protagonistes est d'une fadeur rare. Leur mort (car on meurt, parfois) l'est tout autant.
Il y a des dragons, des monstres gentils ou méchants, de la magie en quantité raisonnable, et énormément d'invraisemblances qui ne permettent absolument pas de prendre ce monde parallèle au sérieux. Sous couvert d'onirisme, c'est du grand n'importe quoi. L'auteur n'a pas su/voulu donner au départ une logique interne à son monde. Il rame désespérément dans ce deuxième tome pour essayer d'y mettre un peu de rigueur, de structure. L'ensemble tombe à plat.
NB : A noter que l'auteur illustre le récit tout du long, de sa blanche main. Il ne devrait pas.

7/20

lundi 4 mai 2009

De l'air


La Horde du Contrevent, d’Alain Damasio, Grand Prix de l’Imaginaire 2006, est une œuvre magnifique, inclassable, superbement écrite, totalement intraduisible. Je remercie à nouveau Hyppolite de me l'avoir fait découvrir.

Le roman est avant tout une aventure littéraire tant son auteur sait jouer avec les mots, décrire avec une précision de chirurgien le souffle du vent de mille façons différentes, et avec un art que Queneau n’eut pas renié, adopter à tour de rôle tous les styles de langue, faisant s’exprimer tour à tour les personnages si divers de sa Horde.

La Horde, vingt-trois hommes et femmes entrainés depuis l’enfance à remonter face au vent, à pied, toute leur vie, vers l’extrême-amont, l’origine des vents et du monde. Leur objectif : être les premiers à atteindre ce mythique extrême-amont, s’il existe, afin d’en rapporter la connaissance : jardin d’Eden, cosmos infini, antre des Dieux…
Dans un monde où les progrès des machines à voile sont considérables, eux marchent. Inexorablement. La quête doit être faite à pieds. Le but est dans le chemin.
Outre les éléments, des hommes déterminés s’opposent à leur avancée.

Et petit à petit, les vingt-trois prennent chair. Avec leurs cotés lumineux et sombres. Toutefois, qu’importent leurs individualités : il n’y a qu’en groupe qu’ils peuvent réussir, soudés.

La beauté du texte, les talents de conteur de l’auteur, l’originalité de l’histoire, livre-monde, nombreuses sont les raisons justifiant d'ouvrir ce roman. Sans la moindre hésitation.
A savoir : Si vous l'achetez en édition grand format, un CD accompagne le livre, proposant des airs musicaux adaptés aux différents passages du récit.
http://www.lahordeducontrevent.org/, site présentant l'ouvrage, vous apportera de nombreuses informations complémentaires sur le gigantesque travail qu'a représenté l'écriture de ce roman. Toutefois, je ne saurais trop vous conseiller de ne pas vous gacher le plaisir de la découverte, et de commencer par ouvrir le livre.